03 — L’ATELIER DE JEAN-FRANCOIS MILLET

•Porte -Maison Millet- 17

Après l’Auberge GANNE, c’est évidemment le lieu qu’il faut visiter pour comprendre l’originalité de ll’aventure artistique de Barbizon : ici la peinture française a retrouvé le sens du réel, et a témoigné de la poésie de la vie quotidienne et du monde rural.

Grace à Jean-François Millet, fils de paysans lui-même, nous pouvons contempler les peines et les splendeurs de cette civilisaion paysanne vieille de trente siècles et qui a duré en France jusque dans les années 50.

7'2 - Jean-François Millet. L'été, le batteurs de sarrasin 1868-74. 73x95 cm. Museum of Fine Arts, don de Mrs. Martin Brimmer, Boston.
Jean-François Millet. L’été, le batteurs de sarrasin 1868-74. 73×95 cm. Museum of Fine Arts, don de Mrs. Martin Brimmer, Boston.

•Puits et-Maison de MilletC’est dans cette maison que le peintre Jean-François Millet 11814-18751 a vécu depuis son arrivée à Barbizon en 1849 jusqu’à sa mort en 1875,
C’est aussi dans cet atelier qu’il a peint les toiles qui ont fait sa célébrité: l’Angélus, les Glaneuses …

•Barbizon-Atelier Millet-190•Galerie l'AngélusDepuis 1923, la maison-atelier a été transformée en musée privé.
La façade et les trois pièces de cette maison sont d’époque et relèvent du domaine protégé. Elles abritent une colection d’œuvres originales des maîtres anciens de l’Ecole de Barbizon ainsi que les objets personnels de Millet, correspondance, dessins, gravures ….

L’espace galerie est animé avec des expositions temporaires et propose à la vente des œuvres de l’Ecole de Barbizon.La Maison-Atelier deJean-Francois Millet

27, Grande Rue – Tél.: +33 (0)1.60.66.21.55
www.atelier-millet.fr ateliermilletbarbizonraorange.fr
Tarif: 4€ l’entrée
Ouvert au public de 9h30 à 12h30 et de 14h00 à 17h30
Janvier-Février-Mars-Novembre-Décembre : tous les jours sauf mardi et mercredi
Avril-Mai-Juin-Septembre-Octobre: tous les jours sauf mardi
Juillet-Août: tous les jours


La biographie de Jean-François Millet 

Gruchy, Commune de Gréville (Manche) 1814. Barbizon 1875.

Jean-François Millet et sa famille vers 1853 Daguerreotype de Felix Feuardent Musée d'Orsay Paris
Jean-François Millet et sa famille vers 1853
Daguerreotype de Felix Feuardent
Musée d’Orsay Paris

En 1849, « fuyant le choléra -. il quitte Paris et se rend, sur les conseils de Charles Jacque, lui-même renseigné par Diaz, à Barbizon, avec sa famille.

Jean-François Millet Le jardin de Millet à Barbizon Crayon noir rehaussé de pastel 32x37 Musée M.Khalil, Le Caire
Jean-François Millet
Le jardin de Millet à Barbizon
Crayon noir rehaussé de pastel 32×37
Musée M.Khalil, Le Caire

Il est veuf, depuis 1844, de Pauline Virginie Ono, avec laquelle il s’était marié en 1841 et vit avec Catherine Lemaire qu’il a connue en 1845. J.I se mariera avec elle, à Barbizon le 12 janvier 1853. (Le mariage religieux n’aura lieu que le 3 janvier 1875, peu de jours avant sa mort).•Millet-Catherine Lemaire

Millet, sa compagne, leurs trois enfants (il en aura neuf) et une servante, ne trouvant pas un gîte à l’auberge Ganne, passent leur première nuit dans un bâtiment de ferme de la Grande rue, situé à l’extrémité du village, du côté de la plaine, appartenant à Jean Gatelier, dit Petit-Jean et composé de deux pièces et d’un grenier.

dharles Jacque, venu de Paris en reconnaissance quelque temps avant, loua Grande rue, deux maisons contiguës. Celle de Millet a, aujourd’hui, disparu mais la grange qui lui servait d’atelier a été conservée en l’état. Celle de Jacque, dont il se rendit acquéreur, fut revendue, par lui, à Sensier.

A part quelques voyages effectués en Auvergne et en Nor­ mandie, Millet ne quitta plus Barbizon jusqu’à sa mort. le 20 janvier 1875.

La première fois qu’il fut accueilli chez Ganne, il fut convié par Nanteuil à tirer une bouffée d’une énorme pipe, afin de savoir si on devait » le placer  » – suivant la couleur de la fumée – dans l’Ecole » classique  » ou dans l’Ecole » coloriste « !

René Ménard dit que Millet refusa de se soumettre à cette coutume imposée à chaque arrivant. et répondit, en souriant : « Placez-moi dans la mienne! »

•Millet-Textes-fuite EgyptDe 1849 à 1875, Millet, abandonnant la peinture de scènes bibliques, qui le firent comparer à Poussin, se consacra à la représentation de la vie des paysans, célébrant le travail des champs avec noblesse et gravité.

« L’écho des campagnes, les églogues, les durs labeurs, les inquiétudes, les misères, les sérénités, les passions de l’homme voué au sol, il saura tout traduire. Et le citadin s’apercevra un jour qu’on peut « faire servir le travail au sublime » et faire surgir des actes les plus ordinaires de la vie, un noble et grand spectacle ».

Sensier : « i-F. Millet », 1881.

« Millet a su donner à ses paysans une allure épique, une rigidité de ligne et de plastique qui ne saurait trop nous ensei­ gner » écrit Redon.

Au Salon de 1853, Millet obtint la seconde Médaille, avec « Le Repos des Moissonneurs ». A celui de 1857, avec « Les Glaneuses» et surtout avec « l’Angélus  » (peint en 1859), il acquit la célé­ brité.

Millet-textes-Angelus e

« fi l1’y a pas de nature si grossière – disait Th. Gautier – qui ne puisse être relevée par le style, M. Millet en est un exemple. Ses moissonneurs ne sont pas beaux certes, mais il y a en eux une force secrète, une robustesse singulière, une rare science de la ligne et d’agencement, un sacrifice intelligent des détails, une simplicité de tOI1 local, qui donnent à ces rustres on ne sait quoi de magistral et de fier; certains de ces patauds couchés étalent des tournures florentines et des attitudes de statues de Michel-Ange. fis ont, malgré leur misère et leur laideur, la majesté de travailleurs en contact avec la nature ….  »

Jean-François Millet La Baratteuse 1866 Pastel 122x87 Musée du Louvre Paris
Jean-François Millet
La Baratteuse 1866
Pastel 122×87
Musée du Louvre Paris

Toutefois les tenants de « l’Académisme» ne tolèrant que les thèmes « élevés » inspirés de la mythologie, de la Bible ou de l’histoire, jugent les sujets de Millet « vulgaires ». « populaires », « triviaux » …

Même Baudelaire, qui décerne des éloges à certains « pom­ piers » demeurés inconnus, considère que « les paysans de Millet sont des pédants qui ont d’eux-mêmes une trop haute opinion. Ils étalent une manière d’abrutissement sombre et fatal qui me donne envie de les haïr … Au lieu d’ext raire simplement la poésie naturelle de 5011 sujet, M. Millet veut, à tout prix, y ajouter quelque chose. »

(Salon de 1859).

On lui reprocha aussi de vouloir exposer dans ses œuvres l’idéologie révolutionnaire de 1848, influencé par Proud’hon, Courbet et Daumier. Or, Millet, esprit religieux, nourri de la Bible, se désintéressait des combats politiques.

Il y eut, cependant, des esprits clairvoyants qui surent distin­ guer son « réalisme » de celui de Courbet et de Daumier. Th. Pelloquet, par exemple, qui écrivait dans le « Journal du Salon de 1863 » :

« Les partisans du réalisme le tiennent au contraire pour un romantique el pour UI1 académicien, ce qui est la même chose à leurs yeux. Millet n’est rien de tout cela. Il cherche conscien­ cieusement dans le spectacle des hommes et des choses de son temps les grandes lois qui ont guidé les maîtres et il les retrou­ ve. Il les applique à sa façon, c’est là son originalité et sa force, une très grande originalité et une très grande force que personne, en France du moins, n’a eues avant lui, et que personne ne possède à côté de lui au même degré. »

Millet-berger troupeauAu sujet de ce « réalisme « , Raymond Cogniat et Daniel Wil­ denstein estiment que :

« le témoignage populaire de Millet est aussi puissant et pour le moins aussi profond [que celui de Courbet et de Daumier] mais fait partie de son être d’une façon fondamentale et n’a pas besoin de grossissement pour se manifester. Son réalisme est une certitude, un enracinement si intime qu’il échappe à la fonction politique et qu’il fait organiquement partie de l’être. (Préface du Cat. « J.-F. Millet et ses amis peintres de Barbi­ zon », 1970, Tokio, Kyoto, Fuknoka).

Pour le barbizonnais André Billy « la peinture de Millet est à la fois morale et empreinte de cet amour de la vie simple et naturelle qui est au fond de l’âme protestante», Cela explique­ t-il que Van Gogh, en pleine possession d’un métier original, ait demandé à Millet – le traditionnel – une leçon de style ?

Quant à Millet, il répondit lui-même aux critiques dans une lettre à Sensier, du 30 mai 1863, demeurée célèbre :

« … Dans quel club mes critiques m’ont-ils rencontré? Socia­ liste! Mais, vraiment, je pourrais leur répondre ce que disait, sur une charge, le commissionnaire auvergnat écrivant à son pays: « On dit comme cha au pays que j’étais Chainchimonien cha n’est pas vrai, je ne sais pas che que ch ‘est ». On ne peut donc pas tout simplement admettre les idées qui peuvent venir dans l’esprit à la vue de l’homme voué à gagner sa vie à la sueur de son front ? »

Puis, comme on lui reprochait aussi de ne pas aimer la Nature, il rispostait par ces lignes qui constituent son « credo» :

•Millet-le printemps-Pmoy

«  … Il en est qui me disent que je nie les charmes de la campagne. J’y trouve bien plus que des charmes : d’infinies splendeurs. J’y vois, tout comme eux, les petites fleurs dont le Christ disait : « Je vous assure que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’une d’elles. » Je vois très bien les auréoles des pissenlits, et le soleil qui étale là-bas, bien loin par delà les pays, SÇl gloire âans les nuages. Je n’en vois pas moins dans la plaine, tout fumants, les chevaux qui labou­ rent; puis, dans un endroit rocheux, un homme tout errene, dont on a entendu les han! depuis le matin, qui tâche de se redresser un instant pour souffler. Le drame est enveloppé de splendeurs. Cela n’est pas de mon invention, et il y a longtemps que cette expression « le cri de la terre» est trouvée. Mes criti­ ques sont des gens instruits et de goût, j’imagine; mais je ne peux me mettre dans leur peau; et, comme je n’ai jamais de ma vie vu autre chose que les champs, je tâche de dire comme je peux ce que j’ai vu et éprouvé quand j’y travaillais. Ceux qui voudront faire mieux ont certes la vie belle … »,

BERGERE GARDANT SES MOUTONS

Signé: J.-F. Millet. 1863
Musée du Louvre.

•Millet-La Grande Bergère-5122

« Si ce tableau est moins célèbre que « l’Angélus ». il n’est pas moins digne de notre admiration. Même il n’est pas défendu de le préférer à l’Angélus! » ‘Louis Hautecœur.)

Dans cette bergère on a reconnu les traits de Louise. l’une des filles de Millet.
Au Salon de 1864, dans « Le Grand journal  » (15 mai 1864) Castagnary s’écriait:
« Saluons d’abord Millet. C’est un maître et sa « Bergère » un chef-d’œuvre … Si vous jugez de la valeur d’une œuvre par la profondeur de l’émotion qu’elle excite en vous, cette humble idylle doit être regardée comme une des importantes pages du Salon. Le grand artiste y a mis tout son cœur, toute son âme. Ceux qui l’accuseraient d’exagérer, comme à plaisir, la laideur de nos paysans, seront satisfaits cette fois; la jeune bergère a toute la beauté et même toute la grâce rusti­ que que comportent sa condition et sa race. »

En 1895, Henri Vuagneux dressant la liste des 50 tableaux les plus chers du Monde, mentionnait trois Millet parmi lesquels, et en premier lieu : « La Bergère », évalué à un million de francs … or.

Pour en savoir plus :

Consultez aussi notre article :

•  La liste des peintres de Barbizon. Les biographies de chacun.

Qu’est-ce que c’est « UN PEINTRE DE BARBIZON ?

2 réflexions au sujet de « 03 — L’ATELIER DE JEAN-FRANCOIS MILLET »

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